Is This It - Strokes (The) (2001)


1. "Is This It" – 2:34
2. "The Modern Age" – 3:32
3. "Soma" – 2:37
4. "Barely Legal" – 3:58
5. "Someday" – 3:07
6. "Alone, Together" – 3:12
7. "Last Nite" – 3:17
8. "Hard to Explain" – 3:47
9. "New York City Cops" – 3:36 (remplacé par "When It Started" dans les éditions US)
10. "Trying Your Luck" – 3:27
11. "Take It or Leave It" – 3:16

 

Il n'est pas facile d'émettre un avis sensé sur les Strokes : le recul n'est pas encore suffisant. C'est le genre de groupe auquel le passage du temps peut apporter un coup de vieux rédhibitoire... Je m'y essaie quand même.

Beaucoup, quand il est question des Strokes, évoquent leurs influences. De fait, elles sont innombrables. New-yorkaises, comme il se doit : on ne peut pas ne pas penser au Velvet Underground en écoutant les Strokes. On a connu pires références, cela dit... Et ces références n'empêchent pas le son des Strokes d'être immédiatement identifiable. Julian Casablancas, tout d'abord, a une voix nasale, stylée. Et surtout les deux guitares, dont le son est très découpé, jouent à cache-cache, se maquent, se flinguent... Bref, il se passe toujours quelque chose entre Nick Valensi et Albert Hammond Jr. Intéressant...

Ensuite, il ne faut pas oublier dans quel état de décomposition était le rock quand sont arrivés les Strokes. Les têtes d'affiche comme Radiohead se détournaient des guitares pour s'enfoncer toujours plus avant dans de nouveaux territoires (l'électro), laissant la place à des groupes infâmes comme Coldplay ou Muse. Et du côté des kids, c'était pire : le nu-metal de Korn et Limp Bizkit régnait en maître. De sales années, vraiment !

Aussi, les Strokes firent un peu l'effet de sauveurs. Dans les magazines de rock, c'était l'effervescence... Beaucoup retrouvèrent leur enthousiasme perdu grâce aux Strokes et aux White Stripes, comme d'autres l'avaient retrouvé jadis grâce à Nirvana (toutes proportions gardées).

Ce qui mettait ainsi en chaleur les midinettes des magazines, c'était tout d'abord... le style. Ne le cachons pas, les Strokes ont la classe : Converses, jeans, etc. Les New-Yorkais savent se saper ! Et ce sens du style, ils l'ont également dans leur musique. Il n'y a pas, dans l'album entier, de faute de goût.

Je parlais de la façon dont les deux guitares s'associaient... Pour vous en convaincre, écoutez "Is This It" (la chanson-titre) : Hammond Jr joue les accords avec un son super-crade ; Valendi joue un arpège par-dessus ; et la basse de Fraiture virevolte. C'est du rock (pourquoi réclamer davantage à ces jeunes gars ?). Et ça sonne vraiment bien...

Les chansons les plus caractéristiques sont sûrement "Someday", qui a une très belle mélodie (chantée d'une voix blasée par Casablancas), "Last Nite", qui n'est pas loin de sautiller comme du ska (une très belle réussite), "New York City Cops", une chanson de dingues, emporté par un super-riff, "Trying Your Luck" et "Take It Or Leave It", qui a un refrain rudimentaire, presque punk.

Quant à "The Modern Age", c'est un genre de boogie velvetien. Mais là, on ne peut pas ne pas penser aux sources de la chanson...

A propos de sources... Qui a bien pu être à l'origine de toute cette déferlante de groupes en "the" : Libertines, Vines, Hives et cie dont on nous rabat les oreilles depuis des années ?

J'ai comme l'impression que ce sont nos cinq branleurs, non ? Fallait-il donc qu'ils aient réussi quelque chose pour qu'on veuille à ce point enfiler leurs pompes ! De tous ces groupes, préférez donc le premier, le meilleur : les Strokes. Et dans la discographie des Strokes, préférez le premier, le plus énergique ! 

              Damien Berdot
© D. BERDOT - dberdot@yahoo.fr