Ace Of Spades - Motörhead (1980)


1. "Ace of Spades" – 2:49
2. "Love Me Like a Reptile" – 3:23
3. "Shoot You in the Back" – 2:39
4. "Live to Win" – 3:37
5. "Fast and Loose" – 3:23
6. "(We Are) The Road Crew" – 3:12
7. "Fire Fire" – 2:44
8. "Jailbait" – 3:33
9. "Dance" – 2:38
10. "Bite the Bullet" – 1:38
11. "The Chase Is Better Than the Catch" – 4:18
12. "The Hammer" – 2:48

 

Amis motards, bonjour ! Nous allons aujourd'hui vous présenter Ace Of Spades, album le plus réputé de Black Sabbath.

Cet album sorti en 1980 constitue sans doute la première incarnation marquante d'un genre qui sera plus tard défini comme le speed metal. Oui, je sais : toutes ces déclinaisons du heavy metal apparaissent un peu artificielles... J'en conviens, mais elles permettent cependant d'y voir clair dans le labyrinthe des influences. En tous les cas, le speed metal pourrait se définir comme du heavy metal très rapide (150 à 160 bpm).

"Highway Star" de Deep Purple (sur l'album Machine Head, commenté ici même) est une des premières chansons répondant à ces critères. Le son y est lourd (plus que sur les autres albums du Deep Purple historique), le tempo est rapide, et de plus Blackmore répète frénétiquement la note de basse jouée en single note : marque stylistique de moult titres de speed metal des années 80. Cependant, le reste de l'album Machine Head est différent stylistiquement, certaines chansons étant même groovy...

Les premiers albums mettant intégralement l'accent sur la vitesse, il faut bien le reconnaître, ce sont Overkill et Ace Of Spades de Motörhead. Le premier est un très bon coup d'essai. Le second, mieux produit et où chaque titre dégage une impression de puissance et de vitesse phénoménale, est un aboutissement, et deviendra l'hymne de toute une génération de heavy métalleux.

Comment Motörhead en est-il arrivé à une telle formule ? Il y a d'abord les influences du moment. La musique de Motörhead a été décrite comme un croisement entre le heavy metal de Black Sabbath et le punk-rock, qui avait décollé en Grande-Bretagne en 1977. Tout cela est très juste, et d'ailleurs Lemmy rendra hommage aux punks avec son titre "R.A.M.O.N.E.S.". Mais il faut aussi tenir compte des éléments inhérents à la personnalité de Lemmy Kilminster. Celui-ci avait une culture musicale très éclectique (en plus d'être . Ainsi, il a toujours déclaré que les Beatles étaient son groupe favori... Avant de fonder Motörhead, Lemmy avait joué dans un groupe de space rock qui connut un grand succès dans les années 70 : Hawkwind. Il en fut viré pour avoir snobé le LSD, fondement de la musique du groupe, au profit des amphétamines. Lemmy, furieux et consommant plus de speed que jamais, créa alors un autre groupe qu'il baptisa "Motörhead" (nom argotique donné aux consommateurs d'ampétamines).

La musique de Motörhead, justement, est une production de tachycardiques convulsifs. Lemmy joue de la basse à la façon d'un guitariste, avec un son énorme et distordu. "Fast" Eddie Clark alterne solos et riffs, le tout bien crade. Et Philip "Philthy Animal" Taylor, comme son surnom l'indique, frappe ses fûts telle une bête furieuse.

C'est incroyable le bruit que ces gars-là, qui ne sont pourtant que trois, arrivent à faire ! Dans certains concerts, Mororhead franchissait aisément la barre des 120 décibels...

Les chansons ? L'emblématique chanson-titre débute par un martèlement de basse, puis Philthy Animal matraque sa caisse claire. Le riff principal peut alors débouler : il est enthousiasmant. Ca va à une vitesse folle. Power chords pendant les parties chantées, bien entendu. Je tiens à préciser, pour ceux qui n'auraient jamais entendu Motörhead, que même si Lemmy a une façon de chanter qui tient à la fois du grognement et du hurlement, il y a des mélodies dans la ligne vocale. Je pourrais d'ailleurs chanter les mélodies de cet album du début à la fin (la classe de Lemmy en moins, bien entendu). Quant aux solos, ils sont hyper-rapides, avec souvent de la wah-wah.

"Love Me Like A Reptile", "Shoot You In The Back" : de très bonnes chansons, tout aussi énergiques, un peu moins rapides. "Live To Win" : un autre sommet de l'album. "Fast And Loose" : encore très bon, avec une coda chantée en choeur. "(We Are) The Road Crew" : une des chansons les plus rentre-dedans...

On ne commentera pas les autres chansons. Elles sont font naturellement toutes appel aux mêmes ingrédients (c'est la règle du jeu). L'album se termine en beauté avec "The Hammer", qui déménage particulièrement.

Le vieux Lemmy est encore en activité actuellement, et il n'a rien changé à son style de vie. Il est respecté par à peu près tous les groupes de metal, signe de l'influence immense qu'il a exercée. Préférons donc l'original aux copies...

Et redisons que la musique de Motörhead, qui s'est situé au carrefour de plusieurs courants, et qui avait assez de singularité pour impressionner durablement, est difficilement classable. Lemmy a toujours réfuté les différentes appartenances qu'on voulait lui coller sur le dos. Il considérait qu'il jouait juste du "rock'n roll". A raison, d'ailleurs : il y a un fort parfum de rock'n roll des pionniers (simplement joué plus fort et plus vite) dans plusieurs chansons de l'album. Et les textes de Motörhead n'ont rien de malsain comme ceux des groupes typés "metal" : ce sont juste des mecs qui s'habillent comme des motards et qui s'amusent follement.  

              Damien Berdot
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