Killers - Iron Maiden (1981)


1. "The Ides of March" (Harris) – 1:46
2. "Wrathchild" (Harris) – 2:54
3. "Murders in the Rue Morgue" (Harris) – 4:18
4. "Another Life" (Harris) – 3:22
5. "Genghis Khan" (Harris) – 3:06
6. "Innocent Exile" (Harris) – 3:53
7. "Killers" (Di'Anno, Harris) – 5:01
8. "Prodigal Son" (Harris) – 6:11
9. "Purgatory" (Harris) – 3:20
10. "Drifter" (Harris) – 4:48

 

... Ouais, Iron Maiden ! Iron Maiden, le groupe qui a donné dans un decorum navrant avec sa ridicule mascotte Eddie, et qui sera plus tard animé par la diva à prétentions poétiques Bruce Dickinson ! La preuve est faite que nous sommes décidés à n'oublier aucun genre...

Cet album-ci, Killers, est bien différent de ce que produira ultérieurement Iron Maiden. Il suffit de l'écouter une fois pour se rendre compte qu'il a un son unique, un son presque live très méchant. Ensuite, Iron Maiden a à l'époque pour chanteur Paul Di'Anno, un punk que Steve Harris a rencontré par hasard dans un bar. Di'Anno chante d'une voix de gargouille, ce qui change des voix suraiguës dont le heavy metal de l'époque s'était fait une spécialité. Ce Di'Anno, accessoirement, est un cinglé, qui connaîtra une existence passablement mouvementée, à faire passer Johnny Thunders et Sid Vicious pour des enfants de choeur. Est-ce son influence ou l'influence de l'époque ? Toujours est-il que Killers est joué à une vitesse hallucinante. Plus jamais Iron Maiden ne jouera aussi vite. J'ai personnellement l'impression que Di'Anno a été le grain de sable qui a dérêglé la machine que l'ambitieux et réglé Harris s'obstinait à mettre en place. Cet album-là est beaucoup plus chaud, beaucoup moins produit qu'aucun autre album du genre à l'époque... Et comme le duo de guitaristes Murray/Smith (un des plus fameux du hard rock britannique) est constitué pour la première fois, l'ensemble est forcément explosif.

Et sur le plan de la composition, pourriez-vous me dire ? En quoi Iron Maiden se distingue-t-il de Black Sabbath et de tous ses clônes (clowns) ? Par la vitesse, tout d'abord, nous l'avons dit. Iron Maiden est un des groupes-phares de la "nouvelle vague du heavy metal britannique", comme elle a été surnommée à l'époque. La tendance est à jouer plus vite, mais Iron Maiden joue encore plus vite que les autres. Et joue concis, qui plus est, réalisant une sorte de mix entre punk et heavy metal. Pour d'autres synthèses de ce genre, cf Motörhead. La principale originalité d'Iron Maiden, cependant, réside dans le fait que l'autocrate Steve Harris compose à la basse. Du coup, toutes les chansons d'Iron Maiden sont drivées par des riffs de basse (donc en singles notes), que Harris joue à trois doigts. Il n'y a qu'à écouter une chanson comme "Phantom Of The Opera", qui date de la même époque, pour comprendre que ça ne ressemble pas du tout aux classiques chansons de heavy metal emmenées par des accords de guitare saturées.

On trouve sur cet album deux instrumentaux (les seuls de toute la carrière d'Iron Maiden), "The Ides Of March", avec les guitares aiguës à la tierce d'Adrian Smith et Dave Murray, ainsi que "Gengis Khan", belle collection de riffs. On trouve également un slow, "Prodigal Son".

Les deux morceaux qui impressionnent le plus par leur force sont "Wrathchild", qui s'ouvre sur un riff de basse percutant, et le formidable "Purgatory". Excellente initiative : la guitare en fusion qui double le chant.

Autres excellents condensés de puissance et de rapidité : "Killers", "Drifter", "Innocent Exile". L'auditeur n'a jamais le temps de respirer...

Quant à "Murders In The Rue Morgue", c'est peut-être la chanson la plus emblématique de l'album : intro suraiguë associant les deux guitares lead, couplet joué à toute berzingue, de façon presque punk, puis refrain où chacun s'adapte comme il peut aux arabesques de basse de Steve Harris.

Naturellement, ce n'est pas parfait... Mais enfin, dans ce genre-là, je crois que ça fait quand même partie de ce qu'on peut trouver de mieux. C'est mélodieux, rapide, puissant, non dépourvu d'originalité, proche du punk... 

              Damien Berdot
© D. BERDOT - dberdot@yahoo.fr